À l'attaque des châteaux forts
On voit dans de nombreux films des châteaux forts assiégés par des centaines de soldats utilisant des tours d’assaut et des catapultes. Ceci s’est produit à de multiples reprises dans l’Histoire, mais la réalité est la plupart du temps bien différente. Les assaillants ne sont en général que quelques dizaines, rarement plus d’une centaine, et ils misent la plupart du temps sur la surprise pour emporter un château, soit en passant par une porte restée ouverte, soit grâce à un complice à l’intérieur qui abaisse le pont-levis.
Même le puissant roi de France Philippe Auguste s’en remet à la ruse pour prendre Château Gaillard en 1204, tenu par les Anglais et réputé imprenable : c’est en s’introduisant par les latrines qu’il réussit à conquérir l’orgueilleuse citadelle !
Lorsque la ruse échoue, la méthode la plus fréquente est d’escalader les murailles à l’aide d’échelles. On appelle cela « l’échelade ». C’est ainsi que les Dauphinois prennent le château savoyard de La Perrière à Saint-Julien-de-Ratz en 1333, assaut qui coûte la vie au Dauphin lui-même (tué par un tir d’arbalète, comme jadis Richard Cœur de Lion au siège de Châlus-Chabrol).
Lorsqu’un siège s’avère nécessaire, la famine ou la pénurie d’eau deviennent les principales armes de l’assaillant. Les grosses machines de siège ne sont employées que par les plus riches seigneurs, en dernier recours. Un exemple est le siège du château d’Entremont par le comte de Savoie en 1306, au cours duquel toute son armée et ses catapultes sont déployées pour prendre la forteresse de l’un de ses vassaux désobéissant.
Il est bon de savoir également que durant un siège, l’huile bouillante – denrée très coûteuse – n’est jamais utilisée par les défenseurs pour être déversée sur les assaillants massés au pied des remparts. De même, l’utilisation d’eau bouillante relève tout autant du mythe, l’eau étant vitale en cas de siège. Les défenseurs jettent en revanche toutes sortes de projectiles abondants et peu coûteux, tels que les pierres, mais aussi le sable brûlant ou même les excréments !
Enfin, puisqu’on en est à tordre le cou aux idées reçues, il faut également savoir que les assiégés ne s’échappent presque jamais par des souterrains, car ceux-ci n’existent en général que dans l’imaginaire collectif ! Seuls quelques très grands châteaux en sont pourvus (aucun en Dauphiné par exemple). Ce que l’on prend aujourd’hui pour des tunnels à demi éboulés dans nos châteaux en ruines ne sont en réalité rien d’autres que des caves, unique moyen pour conserver au frais la nourriture dont disposent nos ancêtres, ou encore des accès à des réserves d’eau potable souterraines.
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