Carcassonne : la plus grande cite medievale d’europe sauvee de la demolition par un seul homme !

Qui ne connait pas cette cité médiévale fortifiée, dont les origines remontent à la période gallo-romaine, et qui doit sa renommée à sa double enceinte de 3 km de longueur flanquée de cinquante-deux tours (dont dix-sept gallo-romaines) qui domine de manière spectaculaire la vallée de l'Aude ?

Mais qui sait, en revanche, qu’au début du XIXe siècle, la cité est en ruine et se transforme progressivement en ville fantôme ? Les tours se délabrent et sont converties en granges ou en garages. Les lices entre les deux enceintes sont progressivement envahies par les constructions (plus de 112 maisons particulières). Devant le peu d’attrait de l’endroit et les risques d’effondrement, la destruction pure et simple de l’antique cité avait été programmée. La plus grande et belle cité médiévale d’Europe ne sera finalement sauvé de la disparition que par l'action et la ténacité d’un seul homme, l'archéologue Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, notable et historien, habitant au pied de la Cité. Dès 1835, celui-ci s'émeut de la destruction de l’immense barbacane (poste de défense avancé) située à l’ouest de la cité et dont les pierres étaient pillées par les entrepreneurs locaux. C'est à lui que l'on doit les premières véritables fouilles dans la cathédrale de la Cité et la découverte de la chapelle de l'évêque Radulphe.

Grace à ses communications incessantes, l'écrivain Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, ressent à son tour un coup de foudre pour ce monument en perdition. L'architecte Eugène Viollet-le-Duc, qui avait commencé la restauration de l'église Saint-Nazaire, est alors chargé d'étudier la restauration de la Cité. En 1853, Napoléon III approuve le projet de restauration. L'expropriation et la destruction des bâtiments construits le long des remparts sont ordonnées. A la mort d’Eugène Viollet-le-Duc en 1879, son élève Paul Boeswillwald reprend le flambeau puis l'architecte Henri Nodet.Les travaux ne seront considérés comme terminés qu’en 1913, même si 70% de l’intérieur même de la cité ne sera jamais restauré.

Bien entendu, face à ceux qui se décident à agir et à restaurer, se retrouvent toujours des gens prompts à ne rien faire, si ce n’est critiquer. Les restaurations d'Eugène Viollet-le-Duc ont donc été fortement remises en question, ses détracteurs soulignant un certain nombre d’erreurs de l’architecte et un style trop gothique. Mais qu’importe en réalité ? La cité connut un grand nombre de styles architecturaux depuis l’époque de l’enceinte gallo-romaine, qui l’enrichirent successivement. La « touche Viollet-le-Duc » n’est que le dernier d’une longue série. Ce qu’il faut retenir, en revanche, c’est que sans l’action remarquable de Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, de Prosper Mérimée et d’Eugène Viollet-le-Duc, et si l’on avait seulement écouté la doctrine non-interventionniste d’historiens tatillons et bien peu inspirés, nous ne pourrions pas aujourd’hui nous émerveiller devant la plus belle cité médiévale d’Europe !