Numismatique

Certains recherchent ou acquièrent des pièces de monnaies anciennes pour les collectionner.

Moi je les apprécie pour le seul plaisir d’entrer en contact avec notre passé, comme un paléontologue avide de créatures disparues.

 A chaque nouvelle rencontre, j’ai l’impression de remonter le temps, de m’approcher au plus près de cet ancêtre qui nous l’a transmise.

 Les raisons de cette transmission resteront à jamais un mystère : maladresse, poche trouée, pantalon baissé pour satisfaire un besoin naturel, enfouissement volontaire destiné à soustraire un pécule à la convoitise humaine ?…

 Qu’importe. Le résultat est cette porte entrebâillée sur un pan de notre histoire…

L’Histoire en pièces

  

Denier, République romaine (C Junius), vers -149. 

La zone de la Gaule comprise entre les Alpes et les Pyrénées fut conquise par les romains vers -120. Elle devient la Gaule Transalpine, future Province Narbonnaise.


  

 Denier à l'hippocampe, gaulois Allobroges, vers -100 à -50

Le territoire des gaulois Allobroge était situé entre l'Isère, le Rhône et les Alpes du Nord. Il était incorporé à la province narbonnaise. Vienne, l’une de ses principales villes, fut érigée en colonie romaine et devint une des cités les plus importantes de toute la Gaule.


  

 Dupondius au crocodile dit "As de Nîmes", vers 10

Cette monnaie rappelle la victoire d’Actium (-31), d’Octave (future Auguste) et de son général en chef Agrippa, sur Antoine et Cléopâtre.


  

Sesterce de Commode, vers 180

Commode succèda à son père Marc-Aurèle en l’an 180. Huit ans plus tard, Septime Sévère, nouveau légat de la province Lyonnaise, fut contraint de mener une campagne militaire énergique pour chasser les pillards du brigand Maternus, qui faisaient régner l’inséurité dans toute la région depuis plusieurs années. 


  

Maximien Galère, Empire romain, entre 305 et 307

Le début du quatrième siècle fut marqué par des invasions barbares (Wisigoths et Alains) et des guerres civiles entre les successeurs des différents empereurs. Les Burgondes s'installèrent dans la région un siècle plus tard, et choisirent Vienne, qui gardait son prestige de grande cité romaine, pour capitale de la Bourgogne. 


  

Follis Justin II, atelier de Nicomedia, entre 565 et 578

Éteint en Occident en 476, l'Empire romain persista en Orient, autour de sa capitale, Constantinople.


  

Denier de Charles II le Chauve, 843-877

A la mort de Charlemagne, en 843, l’empire est partagé entre ses trois fils : Charles II le Chauve, Lothaire Ier et Louis le Germanique. La région qui deviendra le futur Dauphiné entre dans la part de Lothaire.


  

 Denier anonyme ou viennois, entre 1080 et 1120,

En 1032, l'empereur d'Allemagne hérita du royaume de Bourgogne. Pendant quatre siècles, Vienne sera une ville d'Empire. L'archevêque de Vienne eu pour vassaux les comtes de Savoie et d'Albon (futurs Dauphins) et les principales familles du Dauphiné de Viennois.


  

 Petit Dauphin, Dauphin du Viennois Charles, entre 1349 et 1364,

Le dernier dauphin, Humbert II, vendit son état à la France en 1349. Désormais, le Dauphiné devint le lieu d’apprentissage de la royauté des fils aînés des rois de France. C’est Charles, fils aîné du roi de France Jean le Bon, qui devient le premier Dauphin de France, en 1349. Il n’avait que 12 ans lorsqu’il s’installa à Grenoble.


  

 Blanc (ou douzain) du Dauphiné, Louis XII, entre 1498 et 1514

Par sa situation géographique, le Dauphiné fut une étape sur la route des “Guerres d’Italie”. À cette occasion Charles VIII, Louis XII et François Ier vinrent régulièrement séjourner à Grenoble. La noblesse dauphinoise participa activement à ces conflits militaires (300 d'entre eux combattirent à Marignan).Le plus célèbre de ses représentants fut Pierre Terrail de Bayard, le « chevalier sans peur et sans reproche », né en 1476 à Pontcharra.



  

 Double tournois du Dauphiné, 1540

P1540 est une époque de répit, entre la terrible épidémie de peste qui ravagea Grenoble en 1520 et le début des guerres de religions en 1562, qui atteindront leur paroxysme en Dauphiné et verront deux grands capitaines protestants entrer dans l’Histoire, le terrible Baron des Adrets et l’extraordinaire Lesdiguières.


  

 Louis XIV, demi écu (argent), 1655

La révocation de l'édit de Nantes en 1685 par Louis XIV provoqua le départ d'environ 20 000 protestants du Dauphiné, ce qui affaiblit l'économie de la province, déjà fortement mise à mal par les guerres d'Italie, de religion, et celles du Roi-Soleil. Quelques vallées, notamment celle du Queyras, virent leur population diminuer de moitié. Grenoble perdit 3 000 habitants à elle seule.


  

 Sol de 15 deniers, 1695

La France se relèva difficilement, en 1695, du plus terrible hiver que compta le dix septième siècle. Il causa la mort de plus de deux millions de personnes à travers tout le royaume sur les vingt millions d’habitants qu’il comptait.


  

 Douze denier Louis XVI Constitution, 1791

Face à la menace royale de dissoudre le Parlement du Dauphiné, la population grenobloise prit fait et cause pour le défendre. Cela donna la Journée des Tuiles du 7 juin 1788. À la suite de cet évènement se tint l'Assemblée de Vizille, qui obtint la tenue des États généraux pour l'année suivante. La Révolution Française était en marche. Les députés dauphinois Antoine Barnave et Jean-Joseph Mounier en furent des acteurs importants.


  

 Un centime Dupré, Directoire an 6, 1797

La journée des Tuiles à Grenoble et la réunion des Etats Généraux du Dauphiné au château de Vizille en 1788, tracèrent le chemin de la révolte qui embrasa Paris l’année suivante.


  

 Demi franc, Premier Empire, 1811

Lors du retour de l’Empereur en 1815, Napoléon se trouva face à un bataillon du 5e de Ligne envoyé par Louis XVIII pour l'arrêter, sur la commune de Laffrey. Il s'avança seul au-devant des troupes, entrouvrit sa redingote et s'écria: « S'il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son Empereur, me voici.» À ces mots, le 5e de Ligne mit bas les armes et se précipita vers Napoléon. Ce dernier fit une entrée triomphale à Grenoble.


  

Cinq franc Louis Philippe, 1842

Les années 1830 et 1840 furent marquées par l’établissement de la grande industrie en Dauphiné: le tissage mécanique de la soie dans tout le bas-Dauphiné, le tissage de la toile de chanvre à Voiron, l’industrie de la chaussure à Romans, la ganterie à Grenoble…

 

  

 Dix centimes Napoléon III, 1863

Le Second Empire fut marqué par un regain d’intérêt pour les stations thermales en Isère, en particulier à Allevard ou à Uriage-les-Bains.


  

Cinquante centimes à la semeuse, 1898

Aristide Bergès installa en 1869 une râperie de bois à Lancey, utilisant l'énergie hydraulique pour faire fonctionner ses machines. Lorsqu'il ajouta en 1882 une unité de papeterie à sa râperie, il mit en place une conduite forcée de 500 mètres de dénivelé et ajouta une dynamo à ses turbines pour produire du courant électrique et éclairer son usine. Il présenta cette énergie renouvelable, qu’il avait baptisé « Houille blanche », lors de l'Exposition universelle de Paris en 1889. Bergès ne cessera d’innover au cours des années suivantes, construisant d’autres « hautes chutes » et surtout un barrage pour s’assurer une production électrique régulière tout le long de l'année.


  

 Dix centimes, 1916

Le conflit mondial donna une impulsion nouvelle à l’économie régionale. Pour soutenir l’effort de guerre, de nouvelles centrales hydro-électriques se construisirent le long du Drac et de la Romanche, tandis que Grenoble, le Pont-de-Claix et Roussillon se lançaient dans l’industrie chimique, suffisamment loin du Front pour ne pas voir tomber ces usines stratégiques entre les mains de l’ennemi.


  

 Bon pour 50 centimes 1922

Une station de radio, appelée Radiola, diffusa pour la première fois en 1922 un programme musical sur les ondes françaises.


  

 Cinquante centimes, 1939

Lors de la bataille des Alpes, les chasseurs alpins parvinrent à contenir et à repousser les forces armées italiennes. Les forces allemandes se présentèrent de leur côté aux portes de Grenoble fin juin 1940. Elles furent à leur tout stoppées, à Voreppe, en raison de la résistance des troupes du général Cartier. L’armistice mit un terme aux combats.


  

 Dix francs, 1952

La station de sports d’hiver de l’Alpe d’Huez fut créée en 1936 (avec l’invention du téléski à perches par Jean Pomagalski), mais c’est après-guerre que le ski commença à devenir véritablement un sport à la mode dans les Alpes. Les jeux Olympiques d’hiver de Grenoble en 1968, marquèrent quant à eux le développement du tourisme de masse dans toute la région.


  

Dix francs, 1978

Avec la terrible marée Noire induite par le naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978 (360 km de côtes bretonnes souillées), la France entendit pour la première fois parler du défi écologique majeur qu’auraient à relever les générations futures…