Le Quatre mille huit

- C’est même pas vrai ! protesta Iloa avec un air tellement sérieux qu’il en paraissait cocasse.


Son regard était pourtant irrésistiblement attiré par le surprenant paysage montagneux qui le dominait magnifiquement : les rayons du soleil reflétés sur la surface blanche étaient éblouissants. Un vent cinglant portait dans le ciel un oiseau noir au bec jaune. Il couchait également la fumée bleutée qui sortait du tuyau de fer perçant le toit d’une antique cabane en pierres sèches. Des hommes, chaudement vêtus, semblaient sur le point de s’élancer à l’assaut d’un glacier descendu du plus haut sommet. Ils avaient le visage rougi par le froid et exhalaient des nuages de vapeur, mais semblaient tous d’excellente humeur.


- La glace c’est que dans le congélateur, décréta le garçonnet avec une moue butée.
Son ton était définitif. Sa soeur aînée secoua la tête en levant les yeux au ciel.


- T’es un crétin, siffla t-elle en se redressant sur le canapé.

Elle claqua des doigts à l’intention de la maison et aussitôt le paysage exotique s’estompa. Les écrans muraux reprirent leur habituelle luminosité de veille, destinée à éclairer l’intérieur coquet.


- Demande à maman si tu ne me crois pas, dit-elle en baillant. Moi j’ai autre chose à faire que de perdre mon temps avec un bébé !


Elle quitta le visiosalon avec un air suffisant. Vexé, Iloa partit à la recherche de sa mère. Il la trouva dans la salle à manger, affairée autour du plot dédié à la préparation des repas. Elle répartissait les nutriments liquides fabriqués par la maison dans les assiettes. Le coeur du garçonnet bondit de joie : cela signifiait que son père n’allait pas tarder à rentrer du travail ! La jeune femme tourna un visage avenant dans sa direction.

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