Aux origines de la fête du muguet

Le 1er-Mai, Journée internationale des travailleurs, est aussi la « fête du muguet ». Chaque année, la tradition veut que l’on offre des petits brins de cette fleur à des proches, achetés chez un fleuriste ou à l’un des nombreux stands qui occupent la voie publique spécialement pour l’occasion Mais d’où vient cette coutume ?

DES RACINES QUI REMONTENT A L’ANTIQUITÉ

Le muguet fleurissant au tout début du printemps, il fut très tôt associé aux célébrations de la Résurrection de la vie et de certains Dieux qui avaient lieu au moment de l’équinoxe de printemps (la fête de la Résurrection chrétienne s’est substituée à ces anciennes pratiques). Cette plante était donc idéale pour célébrer le retour des beaux jours et pour s’attirer les bonnes grâces du ciel pour de futures récoltes.
Les celtes l’utilisaient dans leurs fêtes de Beltaine. La déesse mère nordique, célébrée à cette même époque, était aussi associée à cette plante. La légende grecque veut que le muguet fut créé par Apollon, dieu du mont Parnasse, pour en tapisser le sol, afin que ses neuf muses ne s'abîment pas les pieds. Les Romains célébraient au début du mois de mai les Florales, en l'honneur de Flora, la déesse des fleurs, utilisant abondamment la plante aux petites clochettes blanches.

Le retour en grâce du muguet en Europe est généralement associé à Charles IX. Le 1er mai 1560, le roi se serait vu offrir un brin de muguet lors d’une visite en Dauphiné par le chevalier Louis de Girard de Maisonforte, qui l’aurait cueilli dans son jardin de Saint-Paul-Trois-Châteaux.. Le monarque aurait tellement apprécié le geste qu’il aurait décidé de reprendre cette idée pour offrir, chaque printemps, un brin de muguet aux dames de la cour. C’est ainsi que la coutume se serait répandue dans tout le pays.

En France, dès 1793, le calendrier républicain propose une fête du Travail au 3e jour des sansculottide, tandis qu'il associe désormais le muguet au « jour républicain », le 26 avril et non plus au 1er mai, rompant ainsi avec cette tradition royale. L’habitude de pouvoir vendre le muguet sur la voie publique remonte à Claude-François de Payan, ami de Robespierre. C’est alors l’églantine rouge qui est associée au 1er mai, et qui le sera pendant longtemps aux travailleurs.

UN RETOUR DU MUGUET A LA FIN DU XIXe SIÈCLE

Le muguet est quant à lui revenu en grâce progressivement à partir de la fin des années 1800. Le chansonnier Félix Mayol en aurait reçu un bouquet de son amie parisienne Jenny Cook en 1895 et l’aurait arboré au revers de sa veste lors de sa première sur scène au Concert parisien. Cette prestation ayant été un succès, il conserva son brin de muguet, ce qui aurait contribué à relancer la coutume.
Les grands couturiers français ont eux aussi contribué à ce retour en grâce à la même époque en offrant des brins de muguet à leurs employées et à leurs clientes. Christian Dior fit d’ailleurs de la fleur l’emblème de sa griffe.

Mais ce n’est qu’en 1941, sous le maréchal Pétain, que le muguet est officiellement associé à la « fête du travail et de la concorde sociale » instaurée par le chef du régime de Vichy. Ce dernier préfère en effet la fleur blanche à l’églantine rouge, cette dernière étant trop associée à la gauche et au communisme à son goût.

Il se produit aujourd’hui 60 millions brins de muguet par an en France, vendus à l'unité ou en pots. 85 % de la production nationale de muguet est récoltée dans la région nantaise (une trentaine de maraîchers répartis sur une demi-douzaine de communes et embauchant en contrat saisonnier près de 7 000 salariés), le reste en provenance de la région de Bordeaux. Le marché pèse près de 100 millions d'euros, auquel il faut ajouter le muguet des bois qui représente près de 10 % de cette somme.

En France, il existe enfin une légende selon laquelle un brin de muguet à 13 clochettes porterait bonheur.